Qu’est-ce qu’une luxation gléno-humérale ?

C’est le « déboitement » de l’articulation de l’épaule : la tête de l’humérus quitte son articulation avec la glène de l’omoplate. Elle vient se placer en général en avant de l’omoplate (luxation antérieure).

La luxation est confirmée par radiographie et doit être « réduite » par un médecin. Une anesthésie générale est parfois nécessaire.

Le labrum (ou bourrelet glénoïdien) est un cartilage élastique qui entoure la glène et maintient la tête de l’humérus à son contact. Il sert de cale et de joint à l’articulation des 2 os.

En cas de luxation de l’épaule, ce labrum et les ligaments qui stabilisent l’épaule (les ligaments gléno-huméraux) se détendent et se fragilisent.

Après la réduction de la luxation, le labrum et les ligaments cicatrisent mais ne retrouvent pas leur résistance d’origine (comme un élastique qui a été détendu). Ils perdent donc leur efficacité. Chaque nouvelle luxation accentue les lésions et augmente par conséquent le risque de récidive. L’épaule devient instable.

De plus, des lésions osseuses peuvent se produire au niveau de la tête de l’humérus et de la glène.

Une immobilisation de l’épaule par une attelle après un épisode de luxation favorise la cicatrisation et diminue le risque de récidive précoce.

Qu’est-ce qu’une subluxation d’épaule ?

Il s’agit d’une luxation incomplète, l’épaule est déstabilisée mais non « déboitée ». Ceci entraîne également une fragilisation du labrum et des ligaments avec risque de récidive et de douleurs chroniques.

Contrairement à une luxation, un geste de réduction n’est pas nécessaire.

Quand faut-il opérer ?

Un traitement chirurgical est recommandé en cas de luxations ou subluxations à répétition ou en cas de douleurs chroniques.

Chez les patients jeunes (<20 ans) et sportifs, le risque de nouvelle luxation après le premier épisode peut atteindre 90%. La chirurgie peut être proposée dès le premier épisode.

Chirurgie de l’Epaule instable

Deux techniques principales sont utilisées.

  • Le Bankart par Arthroscopie : le labrum et les ligaments sont retendus et fixés sur l’os grâce à des petites ancres introduites autour de la glène. Deux ou trois petites incisions (1 cm) permettent l’introduction d’une caméra et des instruments dans l’épaule.

  • La butée coracoïdienne de Latarjet : l’apophyse Coracoïde, située en haut et en avant de l’omoplate, est sectionnée et fixée en avant de la glène par 1 ou 2 vis. La butée osseuse et le tendon conjoint empêchent la tête humérale de se luxer en avant en jouant un rôle de cale. Elle nécessite une incision de 5 à 8 cm en avant de l’épaule.

Le risque d’échec (c’est à dire de récidive de l’instabilité après chirurgie) est évalué par le Chirurgien avant l’intervention. Le choix entre les 2 techniques se fait en fonction du profil du patient et des lésions observées sur les examens (radiographies, arthro-scanner, IRM ou arthro-IRM).

Le Bankart par Arthroscopie, qui est une chirurgie moins lourde, est envisagé chez un patient à faible risque. Si ce risque est trop important, la butée est préférée car plus résistante.

Chez les patients de plus de 40 ans, la luxation d’épaule peut provoquer une rupture des tendons de la coiffe des rotateurs. Une réparation de la coiffe par arthroscopie peut être envisagée.

Suites et Rééducation

Une attelle coude-au-corps est portée pendant 4 à 6 semaines, permettant la mise au repos de l’épaule pendant la

consolidation des réparations effectuées ou de la butée osseuse.

La rééducation débute dans les jours qui suivent l’intervention. Des mouvements pendulaires et passifs doux sont effectués les premières semaines. La rotation externe de l’épaule est déconseillée pendant 5 à 6 semaines.

Deux à trois mois de rééducation sont nécessaires en général.

La course à pied et le vélo en loisirs peuvent être repris dès le 3e mois.

Les sports de contact sont autorisés après 6 mois en entraînement, 9 mois en compétition.

Anesthésie et Contrôle de la douleur

L’intervention se fait le plus souvent sous anesthésie générale. Un bloc loco-régional peut être associé (injection de produit anesthésique à l’épaule) permettant de limiter les douleurs après l’intervention.

Après la salle d’opération, un passage en salle de réveil de quelques heures permet aux anesthésistes de surveiller le réveil du patient.

Pour le retour à domicile, les antalgiques oraux prescrits à la sortie de la clinique sont en général utiles les premiers jours, la douleur s’atténuant rapidement la plupart du temps.

Quels sont les principaux risques de la chirurgie ?

Le patient doit être conscient des inconvénients et des risques possibles avant de donner son consentement, en sachant toutefois que l’intervention se déroule sans aucune complication dans la grande majorité des cas.

  • Récidive de luxation. Il est d’environ 3% après butée coracoïdienne. Pour le Bankart par arthroscopie, la sélection des patients selon leurs profils et les lésions osseuses permet d’obtenir moins de 5% d’échec.
  • Lésion d’un vaisseau ou d’un nerf pendant l’intervention
  • Fracture malencontreuse de la glène ou de la butée pendant l’intervention, pouvant nécessiter une correction par du matériel adapté (vis, broches).
  • Hématome post-opératoire
  • Infection du site opératoire
  • Capsulite rétractile : la récupération de toutes les mobilités de l’épaule peut être incomplète ou parfois plus longue du fait d’un enraidissement (limitation de l’élévation et des rotations), nécessitant la poursuite de la rééducation pendant plusieurs mois.

Chez le travailleur manuel, une adaptation ou un changement du poste de travail peut être nécessaire.

Chez les sportifs, la récupération ne permet parfois pas de récupérer le niveau précédant les luxations.

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